Les établissements de santé figurent parmi les plus gros consommateurs d’énergie du secteur tertiaire. Selon l’annexe 5 du rapport IGAS 2023 (données ADEME), le secteur hospitalier représente environ 12 % de la consommation totale d’énergie du parc tertiaire, soit 2,34 Mtep (millions de tonnes équivalent pétrole) sur les 19,5 Mtep consommées par l’ensemble du secteur tertiaire en 2015. Par ailleurs, la consommation d’énergie finale du secteur de la santé a augmenté d’environ 20 % entre 1990 et 2015.
On note également que, rapporté au m², un bâtiment de santé consomme en moyenne 40 à 45 % d’énergie de plus qu’un bâtiment tertiaire classique. Cette différence s’explique par :
- La vétusté d’un parc immobilier souvent ancien (d’où la nécessité de la rénovation énergétique des hôpitaux).
- Les besoins spécifiques liés à la continuité d’activité 24h/24 (notamment en termes de chauffage, ventilation, etc.).
- Des équipements particulièrement énergivores (blocs opératoires, salles blanches, stérilisation, blanchisserie, etc.).
1. Un patrimoine immobilier vieillissant et énergivore
Selon le même rapport, 60 % des bâtiments de santé datent d’avant 1990, avec des performances énergétiques jugées insuffisantes pour atteindre les objectifs du décret tertiaire (une réduction de 40 % des consommations d’ici à 2030). Cette obsolescence, couplée à une forte dépendance aux énergies fossiles (plus de 70 % de la consommation totale pour certains établissements), engendre une vulnérabilité face à la hausse continue des prix de l’énergie.
2. Des consommations mal suivies dans les hôpitaux et cliniques
Moins de 20 % des établissements hospitaliers mesurent leurs consommations de manière rigoureuse. Bien souvent, ils se contentent de fichiers Excel pour le suivi, utiles pour une première approche mais trop limités pour repérer en temps réel les anomalies et optimiser véritablement le pilotage énergétique. Pour respecter les exigences du décret tertiaire et réaliser de véritables économies d’énergie, il est indispensable de passer à des solutions plus avancées.
3. Des budgets sous pression
La facture énergétique a déjà progressé de plus de 100 % sur certaines périodes récentes. Accepter cette situation revient à priver d’autres chantiers cruciaux — modernisation des infrastructures, investissement dans du matériel médical de pointe, ou encore la revalorisation des conditions de travail du personnel.
4. Des solutions existent pour la transition énergétique dans la santé
- Remplacer les installations vétustes, notamment les chaudières à gaz, pour réduire la dépendance aux énergies fossiles et anticiper de futures flambées tarifaires.
- Suivre la consommation automatiquement, grâce à des solutions de monitoring énergétique et à des logiciels connectés aux fournisseurs, permettant un pilotage proactif.
- Miser sur la compétence : recruter des spécialistes en audit énergétique ou former les équipes en interne pour réaliser des diagnostics précis, définir une feuille de route et ajuster les stratégies.
- Renforcer et pérenniser les financements, avec des aides adaptées à la réduction de l’empreinte carbone des établissements.
5. L’exemple de Shadow
Chez Shadow, nous avons déjà accompagné plus de 150 établissements de santé (hôpitaux, cliniques, EHPAD) dans leur démarche de décarbonation. Nous développons un logiciel simple, efficace et abordable permettant de récupérer automatiquement les données de consommation auprès des fournisseurs d’énergie. Grâce à cette collecte en temps réel, les gestionnaires peuvent mener des actions de maîtrise de l’énergie et réduire durablement leurs coûts.
6. Un enjeu systémique : cap sur l’efficacité énergétique hospitalière
Le secteur de la santé étant responsable d’environ 12 % de la consommation énergétique tertiaire, les décisions prises aujourd’hui auront un impact majeur sur la trajectoire carbone de la France. Face à l’urgence climatique, il est vital de bâtir dès à présent des infrastructures moins énergivores, plus résilientes et plus performantes, tout en veillant à la qualité de soin et au confort des patients comme des soignants.
En somme, moderniser les bâtiments de santé n’est pas seulement un impératif écologique : c’est aussi une opportunité de libérer des ressources financières pour soigner davantage et mieux. La transition énergétique est donc un véritable levier d'attractivité, de qualité de service et de responsabilité environnementale pour l’ensemble du secteur hospitalier.
Source : IGAS (2024), Transition énergétique des établissements sanitaires et médico-sociaux et impact du Ségur de l’investissement sur ces enjeux, Rapport n°2023-102R, Tome 2 (Annexes).